Chercheur au CELIA à Bordeaux, Jean-Luc Feugeas est membre du Comité de Pilotage de l’Oncosphère Nouvelle-Aquitaine. Depuis 2018, il a mis en place des séminaires interdisciplinaires qui font intervenir des chercheurs de la communauté cancer un mercredi par mois, sur le temps du déjeuner. Rencontre avec le mathématicien.

Depuis 2018, les séminaires interdisciplinaires de l’Oncosphère sont un rendez-vous incontournable pour la communauté cancer. Comment sont-ils nés ?

En 2018, nous avons organisé le premier workshop de l’Oncosphère, le workshop OncoSTIM. Durant cette journée, la communauté des STIM, c’est-à-dire les chercheurs en Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques, ont présenté leurs travaux de recherche appliquées au cancer. Leurs interventions, d’une durée de 5 minutes, s’adressaient à des médecins et biologistes, de manière pédagogue et synthétisée.

Afin de générer plus d’interactions et de croisements entre les réponses, nous avons choisi de rassembler les questions à la fin des sessions. Les médecins et la communauté des biologistes ont beaucoup apprécié cet exercice. Avec les membres du Comité de Pilotage de l’Oncosphère Bordeaux, nous avons donc souhaité réitérer cette expérience lors de séminaires en faisant intervenir des médecins, des biologistes et des STIM afin qu’ils puissent se rencontrer et croiser leurs recherches.

Comment se déroule un séminaire ?

Ces séminaires interdisciplinaires se déroulent entre midi et 14h un mercredi par mois, à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux.

Dans la mesure du possible, nous essayons de faire intervenir des duos de chercheurs de l’Oncosphère issus de disciplines différentes. Le CoPil bordelais est très impliqué dans l’animation et nous validons ensemble les orateurs.

Ces derniers disposent de 25 minutes chacun pour exposer leurs travaux, avant que l’on ne passe à la séance de questions/réponses. A l’image de ce qui avait été fait pour le workshop OncoSTIM, je pense vraiment que le regroupement des questions à la fin est le point extrêmement positif de cet exercice.

En plus de me charger de l’organisation de ces séminaires, j’assure le rôle de modérateur, mais j’essaie de m’effacer le plus possible. Je distribue la parole pendant la séance de questions/réponses et comme je connais assez bien la communauté, je peux facilement solliciter du regard certaines personnes en fonction des sujets abordés. Mais la communauté étant très dynamique et impliquée, je suis souvent obligé d’interrompre les questions pour que cela ne dure pas plus de 30 minutes. Les discussions se poursuivent donc autour de pizzas, dans un esprit convivial et décomplexé.

Je suis convaincu que ces rencontres sont essentielles pour apprendre à se connaître et se reconnaître mais aussi pour montrer qu’on appartient tous à une même communauté élargie de personnes qui faisons de la recherche en Nouvelle-Aquitaine sur le cancer, et quel que soit la discipline par laquelle on aborde ce problème.

Tous les mois, ces séminaires réunissent plus d’une trentaine de personnes ; pour un événement récurrent, c’est un succès pour nous.

A l’initiative de la communauté bordelaise, ces séminaires se sont-ils élargis à la Nouvelle-Aquitaine ?

A l’origine, ces séminaires sont une initiative bordelaise mais ils sont ouverts à nos collègues de Nouvelle-Aquitaine. Par exemple, Ingrid Arnaudin de La Rochelle ou encore Sébastien Papot de Poitiers ont déjà présenté leurs travaux dans ce cadre. La vocation c’est évidemment de rester en Nouvelle-Aquitaine mais exceptionnellement nous avons accueillis des chercheurs extérieurs à la région.

Afin que ces discussions soient accessibles à tous les chercheurs du réseau, depuis peu ils sont retransmis en direct, avec la possibilité de poser des questions via un chat.

L’idée serait également que dans chacune des villes, il puisse y avoir une reproduction de ce schéma de séminaires, même si évidemment toutes les villes ne sont pas concernées de la même façon. Nous sommes en train de réfléchir à comment développer cela à l’ensemble de l’Oncosphère Nouvelle-Aquitaine. L’objectif c’est avant tout qu’il y ait une rencontre physique entre les chercheurs.

Que pouvons-nous espérer pour la suite ?

L’Oncosphère Nouvelle-Aquitaine est une communauté qui ne demande qu’à vivre, la question étant de savoir comment faire fonctionner un réseau aussi large !

Le réseau bordelais a travaillé à la construction d’un Grand Programme de Recherche, dirigé par Julie Déchanet-Merville, directrice du laboratoire Immuno ConcEpT et dont les membres du Comité de Direction sont Violaine Moreau, Bertrand Daignan-Fornier et moi-même. Ce programme est donc intimement lié à l’Oncosphère. Il s’articule autour de 3 axes qui sont animés par des binômes STIM et BIO. L’idée est donc de faire intervenir ces binômes pour qu’ils présentent leurs axes.

Je souhaite que ces séminaires puissent durer aussi longtemps que possible et qu’ils ne soient pas qu’un outil de communication mais aussi un outil de travail.

Nous sommes très agréablement surpris par cet engouement autour de ces séminaires. Il y a une réelle dynamique que nous souhaitons maintenir en faisant notamment évoluer le concept.