INTERVIEW CROISÉE DE Bertrand Daignan-Fornier, Nicolas Bourmeyster et Fabrice Lalloué de l’axe «Oncogenèse fondamentale et translationnelle» et Jean-Luc Feugeas, Rémy Guillevin, Thierry Maugard et Vincent Sol de l’axe «Innovations technologiques et thérapeutiques»

L’Oncosphère Nouvelle-Aquitaine s’articule en cinq axes thématiques que sont l’Oncogenèse fondamentale et translationnelle, le Microenvironnement tumoral, l’Innovation technologique et thérapeutique, le Vieillissement et les Environnements. Nous avons rencontré Bertrand Daignand- Fornier, Jean-Luc Feugeas et Vincent Sol, membres des axes « Oncogenèse fondamentale et translationnelle » et « Innovations technologiques et thérapeutiques » pour une interview commune.

L’occasion d’évoquer les liens étroits entre ces deux groupes de travail.

Bertrand Daignan-Fornier et Jean-Luc Feugeas, vous êtes les coordonnateurs respectifs des axes « Oncogenèse fondamentale et translationnelle » et « Innovation technologique et thérapeutique », en quoi cela consiste-t-il ?

Bertrand : Mes travaux portant sur une recherche très fondamentale, c’est naturellement que j’ai pris la direction du groupe qui me correspondait le mieux. Ce rôle m’offrait l’opportunité d’apprendre à connaitre la communauté cancer, notamment celle hors Bordeaux et de voir comment je pouvais insérer ma recherche.

Etre coordonnateur c’est également rendre compte, que ce soit en assemblée générale ou en comité de pilotage, de nos actions, de nos avancées et de l’état de notre communauté. Bien entendu, l’Oncosphère étant un réseau d’animation, nous avons été en charge d’organiser des workshops pour nos axes respectifs.

Jean-Luc : Historiquement, le réseau Oncosphère s’est d’abord développé à l’échelle bordelaise. En tant que coordonnateurs, nous avions comme responsabilité de le déployer à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine. Les workshops qui ont été organisés nous ont confirmés tout l’intérêt qu’il y avait d’étendre ce réseau à la Nouvelle-Aquitaine.

Bertrand : L’initiative est bordelaise mais les relais ont été immédiats en région. Ainsi, pour l’axe « Oncogenèse fondamentale et translationnelle », Nicolas Bourmeyster de Poitiers et Fabrice Lalloué de Limoges ont oeuvré afin de relayer l’information et stimuler les équipes locales. Lors du workshop, ces deux villes étaient d’ailleurs très représentées.

Comment se sont déroulés vos workshops ?

Vincent : L’événement OncoSTIM qui s’est tenu à Bordeaux en 2018 et a rassemblé de nombreux chercheurs de la région est pour moi le premier workshop, à l’origine de la naissance de l’Oncosphère Nouvelle-Aquitaine. Cette journée nous a permis de découvrir les thématiques développées dans chaque laboratoire et de commencer à imaginer ce qu’il était possible de faire en rassemblant nos forces. Le réseau Oncosphère s’est construit sur cette base et s’est ensuite structuré en 5 axes de recherche. Lors des workshops – je suis pour ma part impliqué dans l’axe « Innovations technologiques et thérapeutiques » – nous avons présenté nos travaux de manière plus approfondie à des chercheurs partageant les mêmes intérêts que nous. Ces événements nous ont permis de nous mettre en réseau, de comprendre que nous avions des intérêts communs et que nous pouvions nous apporter mutuellement des connaissances et des compétences.

Bertrand : Je partage l’avis de Vincent sur le fait que cela nous a vraiment permis de comprendre ce que faisaient nos collègues. A l’issue de nos 2 workshops respectifs, des sous-thèmes et des mots-clés ont émergés dans chacun de nos axes : cellules souches, modélisation et mécanismes de transformation tumorale (modèle 3D, iPS, CAM, zebrafish), biomarqueurs, signalisation, cibles thérapeutiques (canaux calciques, biopsies liquides, exosomes), migration et invastion pour l’axe « Oncogenèse fondamentale et translationnelle » et numérique et modélisation, thérapie et diagnostic par ondes électromagnétiques (Imagerie, Oncophotonique,….), intelligence artificielle, ciblage et vectorisation pour l’axe « Innovation technologiques et thérapeutiques ». Cette réflexion collective confirme l’appropriation de sa thématique par la communauté et son envie de créer des interactions, voire de déposer des projets auprès du Conseil Régional.

Quelle suite allez-vous donner à ces premiers rendez-vous ?

Bertrand : Récemment, nous avons essayé d’identifier encore mieux la communauté Oncosphère grâce à un formulaire de déclaration d’intérêt où les chercheurs se sont positionnés par rapport aux différents axes qui les intéressaient. A titre personnel, ce recensement m’a permis de mieux comprendre qui était intéressé par l’axe « Oncogenèse fondamentale et translationnelle », au-delà des 20 personnes qui avaient assisté au workshop.

Jean-Luc : A l’issue de ce « recensement », nous avons pu découvrir les points forts de chaque ville. Ainsi, la communauté des biologistes semble plus représentée à Bordeaux et une communauté plus équilibrée entre approche scientifique et médicale se trouverait à Limoges. C’est intéressant d’identifier les spécificités de chacune des villes afin de nous permettre d’échanger d’avantage et aller chercher dans le réseau des compétences que nous n’aurions pas.

Bertrand : Parmi les sous-thèmes et mots-clés définis dans l’axe que je coordonne, nous retrouvons de nombreux aspects méthodologiques. Les chercheurs travaillent sur des problématiques parfois différentes mais avec des outils similaires et rencontrent donc les mêmes problèmes technologiques. De ce fait, nous aurions certainement intérêt à nous rapprocher de l’axe « Innovations technologiques et thérapeutiques ».

Jean-Luc : Comme le dit Bertrand, je pense que la prochaine étape serait de faire interagir les axes. L’objectif de ce réseau étant avant tout de créer des liens interdisciplinaires, nous pourrions imaginer une animation scientifique qui pourrait croiser ces axes. Pourquoi ne pas réitérer le format testé sur l’événement OncoSTIM, c’est-dire des présentations sur un format plus court, mais cette fois-ci aux couleurs de l’Oncosphère et à l’échelle régionale ? Evidemment, il faudra continuer en parallèle des rencontres spécifiques par axe.

Avez-vous vu naitre des collaborations au sein du réseau ?

Bertrand : Les workshops facilitant les échanges, 2 projets ont été déposés dans le cadre de l’appel d’offre régional dans l’axe « Oncogenèse fondamentale et translationnelle ».

Vincent : Dans l’axe « Innovations technologiques et thérapeutiques », j’ai connaissance de 2 projets qui ont également été présentés et financés. Bien que nous nous connaissions entre chimistes, les interactions créées lors du workshop nous ont stimulées et permis de monter ces projets : l’un concerne les molécules naturelles et l’autre concerne la lumière et les photosensibilisateurs pour des applications en photothérapie dynamique des cancers.

Jean-Luc : On sent bien qu’il y a une effervescence. Des projets se mettent en place et pour que ces pistes fonctionnent, il faut que l’on continue à se rencontrer et à échanger. Nous sommes dans une belle dynamique, il n’y a pas de raison que ces interactions ne débouchent pas.