Chercheur spécialisé dans le VIH et les lymphocytes T CD8+, Victor Appay, Directeur de recherche à l’Inserm depuis 2005 rejoint Bordeaux et l’unité de Julie Déchanet-Merville, ImmunoConcEpT.

De son parcours débuté à Oxford à ses ambitions nouvelles en passant par les rencontres qui ont marquées sa vie, Victor Appay se confie.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ? 

J’ai fait une école d’ingénieur en biotechnologie à Strasbourg qui m’a offert la possibilité d’aller étudier en Allemagne et en Suisse et donc de développer très tôt une ouverture à l’international. Lors de mon stage de 3ème année, réalisé à Oxford au sein de la compagnie pharmaceutique British Biotech, j’ai découvert l’immunologie et j’ai souhaité poursuivre cette expérience avec une thèse et un post-doctorat dans le laboratoire d’immunologie d’Andrew McMichael avec le Pr. Sarah Rowland-Jones. Mon sujet à l’époque concernait l’immunophysiopathologie de l’infection VIH et en particulier mieux comprendre la réponse immunitaire, cellulaire contre ce virus. 20 ans plus tard je continue de travailler sur ce sujet qui me passionne.

Après 7 ans à Oxford, je suis parti à Lausanne en Suisse en tant que chef de projet, poursuivre mon travail sur les lymphocytes T CD8+, mais dans le domaine de la cancérologie.

En 2005, après avoir obtenu un poste de CR1 à l’Inserm, j’ai rejoint à Paris – dont je suis originaire – l’équipe du Pr. Patrice Debré et du Pr. Brigitte Autran. Je suis alors revenu à mes premiers amours en travaillant sur l’immunophysiopathologie de l’infection VIH et le vieillissement immunitaire. Mon équipe et moi-même avons notamment été pionniers sur le parallèle entre infection VIH et immunosénescence, démontrant le rôle de l’activation immunitaire chronique dans le développement d’un vieillissement immunitaire prématuré.

Ma carrière est faite de choix mais aussi de chances, j’ai en effet eu la chance de faire des stages qui m’ont passionné avec des chercheurs de renom. La période d’Oxford a notamment été très importante en terme d’apprentissage et de réseau, c’est notamment ce qui m’a permis de développer ma carrière en France.

Vous venez de rejoindre le laboratoire ImmunoConcEpT et l’équipe de Julie Déchanet-Merville, quelles ont été vos motivations ? 

Après 15 ans à Paris, je souhaitais découvrir un nouvel environnement et développer de nouvelles thématiques autour du vieillissement immunitaire. J’ai eu un très bon contact avec Julie Déchanet-Merville, sa façon de voir les choses était similaire à la mienne. Par ailleurs la dynamique présente au sein de l’Unité m’a plu. Enfin, je ne souhaitais pas forcément arriver dans un institut de trop grande ampleur, Bordeaux répond donc totalement à mes envies.

Ici, l’idée est de se concentrer sur le vieillissement pathologique, quel est le rôle du vieillissement immunitaire dans une survenue accrue de cancers en particulier chez la personne âgée, en commençant à proposer des approches pour préserver le système immunitaire des personnes âgées.

J’ai pour l’instant une petite équipe composée de mon épouse (Laura Papagno), ingénieure de recherche, un étudiant en thèse (Eoghann White) qui sera entre Bordeaux et Paris, une post-doctorante (Mariela Piccin) qui est en fin de contrat et une autre ingénieure (Gaëlle Autaa) qui nous rejoins de Paris. Mais j’espère accroître l’équipe d’ici la fin de l’année !

Dans le cadre du nouveau quinquennat, nous avons décidé avec Julie de fusionner nos groupes en une seule équipe étant donné que nos thématiques s’intègrent ensemble.

Lors de la journée du Département Sciences Biologiques et Médicales en décembre dernier, vous avez présenté vos projets sur la Covid-19. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ces projets n’en sont qu’à leurs débuts mais nous allons les poursuivre bien entendu. Ici nous essayons de comprendre si l’altération fonctionnelle des lymphocytes T naïfs est un facteur clé de la vulnérabilité des personnes âgées aux virus émergents, ce qui pourrait expliquer la fragilité de ces dernières pour la COVID-19. Tout cela reste à étudier !

 

Article réalisé avec le Département Sciences Biologiques et Médicales de l’Université de Bordeaux